Fonds d'archives d'Henri de Lacaze-Duthiers
Les archives composant le fonds ici décrit correspondent à une reconstitution virtuelle du fonds d’archives d’Henri de Lacaze-Duthiers. Cette reconstitution regroupe des documents conservés dans trois établissements différents : la Station biologique de Roscoff (SBR), l’Observatoire océanologique de Banyuls-sur-Mer (OOB) et l’Académie des sciences, ainsi que le fonds privé des descendants de Pierre Lanceplaine, héritier de Lacaze-Duthiers.
L’éparpillement des archives en ces quatre lieux a débuté du vivant de son producteur. En effet, en raison des déplacements de Lacaze-Duthiers entre ses deux stations, et à l’administration simultanée et à distance de ces dernières, le fonds fut produit et conservé dans les deux stations à la fois. À sa mort, ses archives étaient majoritairement concentrées à l’OOB, une partie étant néanmoins conservée entre sa propriété de Las Fons et Roscoff. Sous l’Occupation, l’OOB, souhaitant protéger son patrimoine, a dissimulé ses archives chez des habitants de la ville, engendrant des pertes, mais également des retours, petit à petit, sur plusieurs décennies et au gré de découvertes. Pour finir, entre 1976 et 1977, la bibliothèque de l’OOB envoya la majeure partie des archives de Lacaze-Duthiers qu'elle conservait au service d'archives de l’Académie des sciences.
C’est ainsi qu’a débuté en 2021, bicentenaire de la naissance de Lacaze-Duthiers, le projet de réunion provisoire de son fonds afin de le numériser et de le reconstituer virtuellement. Entre 2021 et 2022, la Bibliothèque de Sorbonne Université a organisé avec la SBR et l’OOB, la réunion sur le campus Pierre et Marie Curie des archives conservées dans les stations, avec celles conservées par l’Académie des sciences et à Las Fons pour lesquelles des conventions de prêts ont été signées.
Félix Joseph Henri de Lacaze-Duthiers, dit Henri de Lacaze-Duthiers, naît le 15 mai 1821 à Montpezat (Lot-et-Garonne). Au cours de ses études de médecine à Paris, il se passionne pour la zoologie et présente une thèse en sciences naturelles après sa thèse de médecine. Professeur tour à tour à la faculté des sciences de Lille, à l’École normale supérieure, au Museum national d’histoire naturelle et finalement à la Sorbonne, il n’en demeure pas moins un chercheur de terrain, à travers ses voyages d’étude aux Baléares, en Bretagne ou en Algérie, durant lesquels il se spécialise en biologie marine, plus particulièrement dans les études des coraux. Son Histoire naturelle du corail devient l’ouvrage de référence sur ce sujet. Il se fait également bâtisseur en impulsant la création et l’équipement des stations marines de la Sorbonne, d’abord en Bretagne à Roscoff – aujourd’hui la Station biologique de Roscoff puis à Banyuls-sur-Mer, aujourd’hui l’Observatoire océanologique de Banyuls-sur-Mer. Lacaze-Duthiers administre les deux stations en tant que directeur, et en fait des lieux aux activités scientifiques foisonnantes, recevant de nombreux résidents. Pour communiquer sur les travaux menés au sein de ses deux stations, Lacaze-Duthiers fonde également la revue des Archives de zoologie expérimentale et générale. Membre de diverses sociétés savantes et élu à l’Académie des sciences en 1871, reconnu internationalement, il entretient une correspondance scientifique soutenue avec ses pairs. Il meurt dans sa propriété de Las Fons le 21 juillet 1901, et laisse un héritage scientifique, immobilier et archivistique considérable. Ces trois éléments, mis en relation, illustrent une période de changement dans les pratiques scientifiques, et plus précisément un tournant dans l’histoire de la zoologie, de sa pratique et de son enseignement, en France et dans le monde.
Les archives d’Henri Lacaze-Duthiers sont relativement complètes, illustrant les différentes facettes de sa vie et de son activité. Nous y retrouvons ses documents de recherches, d’enseignement, de fondation et d’administration des stations marines, ainsi que sa correspondance importante. Le contexte scientifique et l’attachement du fonds aux sciences naturelles ont été pris en compte lors de la description, notamment dans l’indexation des taxons. En effet, Lacaze-Duthiers a précisément notifié les taxons et les lieux de prélèvement des spécimens, ses éléments ont été retranscrits afin de permettre une étude épistémologique et critique. Les taxons dont la forme a changé ont fait l’objet d’une indexation supplémentaire, comportant la forme acceptée en 2022 (référentiel WoRMS). Réunies, les archives de Lacaze-Duthiers constituent un riche matériau de recherche pour l’histoire : celle d’Henri Lacaze-Duthiers et de ses stations, mais aussi plus largement pour l’histoire et la sociologie des sciences au XIXe siècle. Ces archives illustrent l’importance de l’individu dans l’institution, de sa personnalité et de sa place dans l'administration, ainsi que dans l’éviction ou l’échec de projets. Le fonds témoigne de l'administration et du réseau social de l’enseignement supérieur et de la recherche, en France et en Occident ; mais également des initiatives et de relations privées participant aux savoirs et aux progrès scientifiques. En effet, nous rencontrons de nombreuses institutions, associations et personnalités dans les documents administratifs et dans la correspondance. Parmi elles, nous trouvons documentées ou citées les associations pour l’avancement des sciences française et britannique, la quasi-totalité des stations marines françaises et occidentales, les sociétés savantes locales, les autodidactes de la zoologie, les muséums et laboratoires universitaires de zoologie et de physiologie, etc.
Huit ensembles constituent le fonds d’archives numérisé Lacaze-Duthiers :
- Archives des stations marines
- Communications et publications
- Correspondance
- Leçons et enseignement
- Mémoires et carnets personnels
- Recherches et travaux scientifiques
- Travaux scientifiques reçus par Lacaze-Duthiers
- Vie professionnelle et scientifique
Plus d’informations sur ce fonds d’archives dans Calames