Fonds Pierre Aubry
Le legs de la bibliothèque et des archives de Pierre Aubry (1874-1910) par sa veuve Suzanne Cavel à l’Université de Paris en 1910 est à l’origine de la constitution des fonds de musicologie aujourd’hui conservés à la BU Clignancourt de Sorbonne Université. Parmi ses archives, dont une partie a été retrouvée en Sorbonne en 2023 et dont l’inventaire complet est disponible dans Calames, 6 ensembles numérisés sont proposés dans SorbonNum.
Pierre Aubry est un pionnier de la musicologie. Elève à l’École des Chartes, il a choisi comme sujet de fin d’études les trouvères, alors que la discipline n’en était qu’à ses débuts. Le manuscrit de sa thèse, La philologie musicale des trouvères (1200-1499) constitue un ensemble inédit, diffusé pour la première fois sur SorbonNum.
Parmi ses archives numérisées figurent également les traces de cours qu’il a professés à l’Institut catholique de Paris (1898-1899), où il a exercé jusqu’en 1903. On retrouve également sa correspondance ainsi que nombre de supports de conférences qu’il a données dans diverses sociétés intellectuelles de son époque.
Formé au chant grégorien, Pierre Aubry a joué un grand rôle dans le développement de la Schola Cantorum, rattachée à l’Institut catholique de Paris, dont il a occupé la chaire de musicologie sacrée. Il a participé, entre autres, à l’organisation d’un concours de collecte de chants populaires de France par la Schola Cantorum en 1903, dont l’intégralité des archives figurent dans le fonds numérisé. Orientaliste (il maîtrise l’arménien), Pierre-Aubry oriente ses recherches également vers les chants populaires de l’étranger.
La part la plus importante de ses archives est constituée de ses recherches personnelles, toutes numérisées à l’exception de nombreuses transcriptions de manuscrits conservées à la BU Clignancourt. À travers ces documents, la formation d’archiviste-paléographe de Pierre Aubry transparait : sa calligraphie est soignée, il maitrise l’art de la fiche. Il choisit l’approche philologique et défriche en historien les terres encore presque vierges de la musicologie. Cette approche le distingue parmi les pionniers français de la discipline, tels Jules Combarieu au Collège de France et Romain Rolland à la Sorbonne. Pierre Aubry a passé ainsi de nombreuses heures dans les bibliothèques, en particulier à la Bibliothèque nationale de France mais aussi à l’étranger, à la recherche de manuscrits médiévaux qu’il copiait, transposait, classait et éditait ; goût que l’on retrouve dans ses publications, parmi lesquelles figurent nombre de recueils et d’anthologies.
Accusé de plagiat à propos de la théorie des rythmes dans la musique des troubadours, et désavoué par un jury d’experts au profit d’un jeune musicologue, Pierre Aubry a sombré dans la dépression. Sa mort dans des circonstances troubles, à 36 ans seulement, a été présentée comme un accident d’escrime.
En dépit de son jeune âge, Pierre Aubry a néanmoins posé les bases d’une nouvelle discipline scientifique. Avec le legs de ses documents est née une collection universitaire aujourd’hui labellisée CollEx (Collection d’Excellence), conservée à la BU Clignancourt depuis 2013.